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Trois choses auxquelles nous pensons à l’heure actuelle
- La Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé son taux directeur de 25 points de base en décembre, soit sa troisième augmentation en 2017, afin de répondre aux attentes du marché. Il est fort probable que la Fed relève trois fois son taux en 2018. En dépit des inquiétudes croissantes, les répercussions de ces hausses de taux se sont jusqu’à maintenant fait peu sentir sur les marchés émergents, en partie parce que la normalisation de la politique monétaire aux États-Unis a été anticipée, et aussi grâce à une croissance et des fondamentaux solides dans les grands marchés émergents.
- En décembre, la politique a été au premier plan, les élections en Afrique du Sud, en Inde et au Chili ayant en effet accaparé l’attention des investisseurs. En ce début d’année 2018, nous restons attentifs à la politique à l’heure où le Brésil, le Mexique et la Russie, trois grands marchés émergents, s’apprêtent à organiser des élections présidentielles. Il est fort probable que le président Vladimir Poutine soit réélu pour un quatrième mandat ; au Brésil et au Mexique en revanche, ce pourrait être l’année du changement. Le populiste de gauche Andres Manuel Lopez Obrador étant en tête de la plupart des sondages au Mexique, nous prévoyons une plus forte volatilité des marchés et continuons de surveiller la situation de près. Au Brésil, nous prévoyons une issue favorable, le nouveau président devant poursuivre la mise en œuvre de réformes majeures.
- Les marchés émergents ont enregistré des apports de capitaux d’environ 80 milliards de dollars en 2017, par rapport à des flux mineurs en 2016 et des sorties de capitaux entre 2013 et 2015. Alors que 2017 a été, après 2010 et 2009, la troisième année la plus performante pour les marchés émergents en termes d’afflux de capitaux (en termes absolus) sur plus de 20 ans, en ce qui concerne la capitalisation des marchés, le redressement des flux a été relativement plus modéré. Une certaine augmentation de la volatilité est possible, en particulier parce que les flux d’investissement peuvent souvent refléter des réactions changeantes au risque perçu, avec des flux entrants lorsque les investisseurs adoptent une perspective d’« appétence pour le risque » et des flux sortants lorsqu’ils adoptent une perspective d’« aversion pour le risque ». Malgré cela, les principaux investisseurs mondiaux sont proportionnellement moins exposés à la classe d’actifs, en dessous de ce qui pourrait être attendu compte tenu de la proportion du PIB (produit intérieur brut) mondial et de la capitalisation boursière que représentent les marchés émergents, ce qui pourrait jouer en faveur d’entrées continues de capitaux.
Perspectives
Les marchés émergents se sont bien portés en 2017 et nous nous attendons à ce que la classe d’actifs poursuive sa tendance haussière en 2018 dans un contexte favorable de croissance économique solide, de hausse des capitaux entrants, de réserves étrangères robustes, de soldes courants solides et de devises locales stables. Les valorisations sur les marchés émergents restent attrayantes car elles se négocient avec une décote par rapport aux marchés développés. Les bénéfices de nombreuses sociétés des marchés émergents s’améliorent progressivement en termes de profitabilité, de marges et de rendement des capitaux propres (ROE).
Pour nous, l’Asie demeure la région émergente la plus attrayante. Elle offre un large éventail d’opportunités, de la Chine à la Corée du Sud et à Taïwan, en passant par des pays tels que l’Inde et l’Indonésie. Les sociétés asiatiques commencent également à dominer des secteurs dont les entreprises européennes étaient autrefois les chefs de file. C’est particulièrement le cas dans l’industrie automobile et des technologies connexes.
De même, l’Amérique latine nous semble présenter des opportunités. Le Brésil a émergé d’une longue récession et fait face à de nombreux défis, comme un taux de chômage élevé et des scandales de corruption, mais dans l’ensemble, nous sommes optimistes quant aux possibilités présentées par le marché, étant donné l’accent mis récemment sur les efforts de réforme.
En tantqu’adeptes de la sélection de titres, les opportunités individuelles dans d’autres régions du monde nous intéressent tout autant, par exemple en Russie, qui a perdu la faveur des investisseurs. Dans de telles situations, nous observons des entreprises, que nous considérons comme très bien gérées, croître à un rythme rapide et assurer une exposition aux thèmes clés, tels que la croissance économique, les changements démographiques et les tendances des consommateurs locaux.
Tendances et évolutions clés des marchés émergents
Les marchés actions mondiaux ont progressé au cours du quatrième trimestre de 2017. Les investisseurs se sont principalement concentrés sur les signes continus d’une croissance économique positive provenant de plusieurs régions et l’avancée de la réforme fiscale aux États-Unis. Nous avons toutefois assisté à une brève correction du secteur des technologies de l’information (TI) sur les prises de bénéfices et à une rotation vers d’autres domaines tels que la finance.
Les marchés émergents ont continué de surperformer les marchés développés, soutenus par de meilleurs bénéfices et perspectives de croissance, des apports de fonds solides et une hausse des prix des matières premières. L’indice MSCI Emerging Markets a gagné 7,5 % en dollars américains contre 5,6 % pour l’indice MSCI World.[1] On a assisté à une tendance similaire tout au long de l’année tandis que les actions des marchés émergents ont surperformé les marchés développés. En 2017, les marchés émergents ont enregistré leur meilleure performance annuelle depuis 2009, avec des gains de 37,8 %, un résultat bien plus élevé que le rendement de 23,1 % des marchés développés.[2]
Regional Outlook
As at 31 December 2017
The Most Important Moves in Emerging Markets the Quarter
Les initiatives les plus significatives dans les marchés émergents au cours de ce trimestre
Les marchés asiatiques ont figuré parmi les marchés émergents les plus performants avec l’Inde, la Corée du Sud et Singapour, enregistrant des rendements à deux chiffres au cours du quatrième trimestre. En Inde, la victoire du parti au pouvoir à deux élections législatives majeures et les attentes d’un budget favorable à la croissance au cours de l’exercice fiscal qui prendra fin en mars 2019 ont stimulé le marché. Les cours des actions sud-coréennes ont été portés par un apaisement des tensions géopolitiques, une croissance économique solide et une forte appréciation du won. Taïwan, en revanche, est l’un des marchés ayant affiché les plus mauvais résultats, tandis que la prise de bénéfices dans le secteur informatique et une rotation vers les secteurs des matériaux et de la finance ont tiré le rendement vers le bas. L’instabilité politique a continué de peser sur le Pakistan, où les cours des actions ont baissé.
En Amérique latine, malgré une reprise économique plus rapide que prévu et un assouplissement monétaire continu, des retards dans la mise en place de la réforme de la sécurité sociale ont continué d’inquiéter les investisseurs au Brésil. Le marché mexicain a quant à lui été l’un des plus mauvais élèves, à la fois sur la scène régionale et internationale, à cause de la reprise de la relève des taux d’intérêt en décembre et l’incertitude entourant le processus de renégociation de l’accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA). Après l’élection de Sebastian Pinera à la présidence du pays, le Chili a enregistré des gains supérieurs à 10 % en décembre, qui, associés à l’appréciation du peso et à une hausse des prix des matières premières, ont été favorables au rendement du marché.
Les marchés d’Europe centrale, notamment la République tchèque et la Hongrie, ont affiché de bons résultats grâce à des fondamentaux macroéconomiques généralement solides. Le marché russe a été en grande partie favorisé par la hausse des prix du pétrole et une réduction des taux d’intérêt plus importante que prévu en décembre, tandis que la dépréciation de la lire a limité les performances de la Turquie en dollars américains.
L’Afrique du Sud a été l’un des marchés affichant les meilleurs résultats en Afrique, stimulé par l’espoir d’un changement politique après la victoire du candidat pro-business Cyril Ramaphosa lors des élections présidentielles au Congrès national africain au pouvoir, ainsi que par une forte appréciation du rand. Le marché égyptien a quant à lui chuté, malgré de meilleurs fondamentaux macroéconomiques.
Au cours des trois derniers mois, les marchés frontières ont perdu du terrain face aux marchés émergents. Les résultats du Vietnam et du Kazakhstan se sont révélés particulièrement bons, à l’instar de l’Argentine et du Kenya qui ont enregistré des rendements positifs. Le marché vietnamien a figuré parmi les marchés mondiaux signant la meilleure performance, grâce à un intérêt permanent des investisseurs étrangers et des fondamentaux macroéconomiques solides, notamment une croissance économique robuste. À l’inverse, les actions au Koweït et au Sri Lanka ont chuté.
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[1] Selon les indices MSCI Emerging Markets vs. MSCI World, en dollar américain. L’indice MSCI Emerging Markets reflète les moyennes et grandes capitalisations de 24 pays émergents. L’indice MSCI World reflète les moyennes et grandes capitalisations de 23 pays développés. Les indices ne font l’objet d’aucune gestion et il n’est pas possible d’y investir directement. Les performances passées ne constituent pas un indicateur ni une garantie des performances futures.
[2] Ibid.