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Les actions des marchés émergents ont globalement progressé en mai, les investisseurs ayant accueilli favorablement un assouplissement progressif des confinements liés aux coronavirus dans plusieurs régions du monde. Cependant, le regain de tension entre les États-Unis et la Chine en mai a quelque peu freiné l’optimisme des marchés. Notre équipe Franklin Templeton Emerging Markets Equity analyse ces événements et d’autres qui ont façonné les marchés en mai, et fait part de ses dernières perspectives d’investissement post-COVID-19.
Trois choses auxquelles nous réfléchissons aujourd’hui
1. L’épidémie de COVID-19 a accru les préoccupations mondiales de dépendance excessive à l’égard du secteur manufacturier chinois et a conduit les gouvernements de nombreux pays à inciter les entreprises à relocaliser leur production dans leur pays d’origine. Alors que la hausse des droits de douane avait déjà amené certaines entreprises desservant le marché américain à se tourner vers d’autres centres d’approvisionnement, un vaste mouvement de délocalisation hors de Chine nous semble peu probable à court terme du fait de facteurs tels que la productivité élevée de sa main-d’œuvre, ses infrastructures favorables et ses chaînes d’approvisionnement sophistiquées. Concernant notamment les produits et services de haute technologie, la Chine offre également un énorme marché pour les produits innovants et est devenue un solide leader du progrès technologique. Les chaînes d’approvisionnement du secteur manufacturier chinois ont en effet prouvé leur remarquable résilience, témoignant ainsi de l’avantage concurrentiel de la Chine qui est revenue très rapidement à des niveaux proches de la pleine capacité dans le sillage de l’épidémie de la COVID-19. Dans le même temps, les pressions en faveur d’une implantation accrue des entreprises dans les différentes économies du monde devraient également perdurer, compte tenu des craintes liées à la sécurité des approvisionnements dans les secteurs de la santé et des technologies. La mesure dans laquelle les consommateurs finaux seront disposés à payer plus pour une plus grande sécurité d’approvisionnement constituera un facteur clé déterminant.
2. La pomme de discorde avec la US Holding Foreign Companies Accountable Act, qui pourrait entraîner la radiation des entreprises chinoises des bourses américaines, est le manque de transparence perçu dans les états financiers vérifiés. Dans la mesure où les entreprises chinoises sont auditées localement (dans la plupart des cas par les « Big Four », les quatre grands groupes d’audit financier internationaux, ou leurs filiales), la politique de la Chine consiste à empêcher les régulateurs étrangers d’accéder aux audits, en invoquant des soucis de sécurité nationale. Ce problème oppose la Chine aux États-Unis de longue date, et les négociations se poursuivent depuis des années. Le texte stipule qu’une société sera radiée de la cote si elle refuse de se soumettre aux audits du Public Company Accounting Oversight Board (PCAOB) trois années de suite. Si le projet de loi est adopté, la période de transition de trois ans nous paraît suffisamment longue pour que les entreprises se mettent en conformité et donne suffisamment de temps pour aplanir les différends et mettre en place des politiques satisfaisant le PCAOB et les autorités réglementaires chinoises. Toutefois, selon toute probabilité, les entreprises soumises à un contrôle réglementaire plus strict accéléreraient la tendance à la double cotation. Nous avons vu plusieurs entreprises chinoises s’inscrire sur les bourses de Hong Kong et de la Chine, et d’autres cotées aux États-Unis pourraient s’inscrire également sur les bourses de Hong Kong ou de la Chine dans le futur.
3. La réouverture progressive des économies et l’accroissement de la mobilité à mesure que les gouvernements commencent à assouplir les mesures de distanciation physique ont fait naître l’espoir d’une reprise du consumérisme. Alors que l’impact économique du virus devrait peser à court terme sur l’économie de nombreux marchés émergents (ME), les tendances de consommation observées depuis un certain temps resteront probablement d’actualité, selon nous. Par exemple, les biens et services liés à la santé et au bien-être étaient une tendance à forte croissance avant la crise, et nous pensons que ce thème restera largement intact après la crise — peut-être même davantage. En outre, il existe une forte demande de biens et de services tels que les voitures, le haut débit, l’assurance vie et l’accession à la propriété (et donc de produits bancaires comme les prêts hypothécaires) dans les pays émergents, où la pénétration reste faible. Les ventes de véhicules en Chine, par exemple, sont revenues aux niveaux d’avant la COVID-19. En effet, les ventes d’avril ont augmenté pour atteindre 2,1 millions, en ligne avec les 1,9 million de janvier et un fort rebondissement par rapport au récent creux de 0,3 million en février, alors que l’économie continue à se normaliser.1 Nous n’anticipons pas un changement de ces désirs et de ces besoins du fait du virus. Les consommateurs des classes moyennes et des classes aisées de Taïwan, de Chine, d’Inde, de Russie et du Brésil, par exemple, devraient continuer à acheter des biens et des services de meilleure qualité, à l’instar des consommateurs des marchés développés. En tant qu’investisseurs, nous estimons que ces domaines constituent des opportunités potentielles sur le chemin vers le dépassement de la crise actuelle.
Perspectives
Mais alors que les pires heures de la crise sanitaire semblent devoir être derrière nous aux États-Unis et en Chine (à moins d’une deuxième vague) et que les gouvernements se concentrent sur le retour à la normale et la réouverture progressive de leurs économies, le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine cristallise à nouveau l’attention. Les inquiétudes concernant l’origine et la propagation du virus ont encore accentué les divisions. Bien que le marché se soit également inquiété de l’effondrement possible de l’accord compte tenu de la modification substantielle des conditions économiques résultant de la pandémie, les deux parties devraient, selon nous, continuer à essayer de respecter les obligations.
Cela fait deux ans environ que les plus grandes puissances économiques sont entrées dans une guerre commerciale qui s’est depuis muée en conflits dans divers domaines parmi lesquels la technologie, la finance et, plus récemment, l’origine et la propagation de la pandémie de COVID-19.
L’optimisme entourant l’accord commercial de « phase 1 » signé par Washington et Pékin ainsi que les anticipations d’une poursuite des négociations n’ont pas survécu à l’arrivée de la pandémie, qui a monopolisé l’attention. Le coût économique de la pandémie a été substantiel, avec une augmentation marquée du chômage et une détérioration significative des conditions financières dans de nombreux pays.
Bien que les gouvernements du monde entier aient pris des mesures de relance budgétaire et monétaire sans précédent pour compenser l’impact de l’épidémie, le moment exact de la reprise est incertain. Concernant les entreprises, nous anticipons une révision à la baisse des bénéfices pour l’année 2020 dans la plupart des pays et secteurs. Les valorisations des ME nous semblent encore plus attrayantes, la décote par rapport aux bénéfices déclarés sur les marchés développés passant de 25 % fin décembre 2019 à 35 % fin mai. Bien que nous nous attendions à une volatilité des prévisions de bénéfices au cours des prochains mois, nous pensons que le fait de nous concentrer sur la capacité bénéficiaire durable à long terme devrait nous aider à traverser cette période.
Tendances et évolutions clés des marchés émergents
Les actions des marchés émergents ont conforté leur avance en mai, tout en restant à la traîne de leurs homologues des marchés développés. Les investisseurs ont accueilli favorablement un assouplissement progressif des confinements liés au coronavirus dans plusieurs régions du monde, les rapports encourageants sur les essais de vaccins et plus de stimulation économique au niveau mondial. Cependant, le regain de tension entre les États-Unis et la Chine en mai a quelque peu freiné l’optimisme des marchés. Globalement, les devises émergentes ont gagné du terrain par rapport au dollar américain. Les prix du pétrole ont rebondi à la suite de réductions de l’offre et dans l’espoir d’une amélioration de la demande à mesure que les économies redémarreront. L’indice MSCI Emerging Markets s’est adjugé 0,8 % en dollar américain en mai, contre 4,9 % pour l’indice MSCI World.2
Principaux mouvements sur les marchés émergents en mai 2020
Les actions asiatiques ont fait les frais des frictions croissantes entre les États-Unis et la Chine et ont légèrement reculé en mai. Les actions chinoises ont fléchi alors que le pays s’est rapproché des États-Unis sur plusieurs questions, notamment l’origine de la COVID-19 et sa décision d’introduire une loi de sécurité nationale pour Hong Kong. Les actions taïwanaises ont cédé du terrain en raison de l’exode des investisseurs. De même, les actions indiennes ont baissé ; les mesures de relance décevantes et l’extension par les autorités d’un moratoire sur le remboursement des prêts ont alimenté les inquiétudes concernant l’économie et le système bancaire. En revanche, le marché thaïlandais a opéré un rebond lorsque la banque centrale a réduit les taux d’intérêt et que l’activité économique a progressivement repris. L’appréciation de la roupie a stimulé le rendement des actions indonésiennes. Les actions sud-coréennes ont progressé alors que les décideurs politiques réduisaient le taux d’intérêt de référence à un niveau historiquement bas et augmentaient le soutien financier aux entreprises.
Les marchés latino-américains ont été un des premiers moteurs de la performance parmi les marchés émergents en mai, grâce à des signes de mobilité accrue, certains gouvernements ayant commencé à assouplir les restrictions. Les marchés argentin, brésilien et mexicain ont caracolé en tête, tandis que les marchés actions ont reculé au Chili et au Pérou. Une détente monétaire réelle plus forte et continue a renforcé le sentiment au Brésil ; la banque centrale a réduit plus fortement qu’attendu le taux d’intérêt directeur de 0,75 %, pour atteindre un plancher record de 3,0 %. La solidité de la devise brésilienne a été soutenue par l’assurance donnée par le président de la banque centrale que les réserves de change seraient utilisées pour défendre le real, si nécessaire. De même, au Mexique, l’appréciation du peso et la baisse de 0,50 % des taux d’intérêt ont soutenu les rendements du marché des actions. Au Pérou, la banque centrale n’a maintenu son taux directeur à un niveau historiquement bas de 0,25 % en mai, après une baisse de 1,0% en avril.
La plupart des marchés en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique ont enregistré des gains, la Russie, la Pologne et la Hongrie figurant parmi les leaders de la région. L’appréciation du rouble et la hausse des prix du pétrole ont fait grimper le cours des actions en Russie, tandis que le ralentissement de la croissance des nouveaux cas de COVID-19 dans le pays et l’assouplissement des mesures de quarantaine ont également constitué de bonnes nouvelles pour les investisseurs. Bien que le marché sud-africain ait enregistré un rendement positif dans un contexte de renforcement du rand et d’assouplissement progressif des mesures de confinement, le marché est resté à la traîne de ses pairs régionaux. La Banque de réserve sud-africaine a réduit son taux d’intérêt de référence de 0,5 % pour atteindre le niveau record de 3,75 %, ce qui a réduit les coûts d’emprunt pour les ménages et les entreprises. La banque centrale a également assoupli les exigences réglementaires imposées aux banques et a pris des mesures pour garantir une liquidité adéquate aux marchés nationaux.
1. Source : Association chinoise des constructeurs automobiles
2. Source : MSCI. L’indice MSCI Emerging Markets reflète les moyennes et grandes capitalisations de 24 pays émergents. L’indice MSCI World reflète la performance des moyennes et grandes capitalisations de 23 pays développés. Les indices ne font l’objet d’aucune gestion et il n’est pas possible d’y investir directement. Ils ne tiennent pas compte des frais, dépenses ou droits d’entrée. Les performances passées ne constituent pas un indicateur ni une garantie des résultats futurs. MSCI n’offre aucune garantie et n’assume aucune responsabilité à l’égard des données MSCI reproduites dans le présent document. Aucune redistribution ou utilisation n’est autorisée. Ce rapport n’est ni établi ni approuvé par MSCI. Mentions et conditions importantes du fournisseur de données www.franklintempletondatasources.com