Nos aventures d’investissement dans les marchés émergents

Asie

Perspectives 2021 sur les marchés frontières et MENA : Une nouvelle ère d’investissement

Les marchés frontières continuent d’offrir un potentiel économique important – c’est ce qu’affirme Bassel Khatoun de Franklin Templeton Emerging Markets Equity, qui pense que l’opportunité structurelle des marchés frontières est similaire à celle que présentaient les marchés émergents il y a 30 ans. Il nous fait part également de son point de vue pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Middle East and North Africa, MENA) et explique pourquoi l’inclusion du Koweït dans les marchés émergents devrait avoir des répercussions sur tous les marchés boursiers de la région MENA au cours de l’année à venir.

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L’impact de la COVID-19 sur les marchés frontières

Les marchés avaient espéré une plus grande normalisation économique à l’échelle mondiale à l’approche de la fin d’année 2020, mais la recrudescence des cas de COVID-19 dans différentes régions du monde fait que la pandémie va probablement perdurer jusqu’à l’année prochaine. Les responsables politiques du monde entier se voient contraints de chercher le juste équilibre entre les mesures visant à endiguer le coronavirus et la gestion des répercussions économiques. Les investisseurs doivent digérer des signaux qui changent sans arrêt, ce qui a suscité la volatilité des marchés financiers.

Nous anticipons une stabilisation de l’environnement économique et commercial volatil actuel jusqu’à ce qu’un vaccin soit largement disponible, avec des effets potentiellement très variables selon les pays. Les relances économiques pourraient être inégales et superficielles, à l’inverse des reculs prononcés observés en début d’année.

L’augmentation de la dette souveraine et la hausse du chômage comptent, selon nous, parmi les principaux problèmes que les décideurs politiques des marchés frontières vont devoir surveiller et régler.  Certains marchés frontières ont aussi sous-performé les marchés émergents cette année en raison des inquiétudes concernant les infrastructures physiques de soins de santé en place.

Par ailleurs, nous pensons que les perspectives restent difficiles pour les économies productrices de pétrole. Les cours du pétrole restent peu élevés par rapport au passé récent et de nombreux budgets publics restent fragiles alors que les économies locales ont besoin de mesures de relance budgétaire, ce qui limite les possibilités d’action des gouvernements.

S’adapter à l’avenir

Dans la région MENA, les Émirats arabes unis (EAU) ont été victimes de leur propre succès : ayant passé des années à réorienter leur économie vers des secteurs autres que le pétrole, comme le tourisme, ils ont été plus durement touchés par la pandémie. Nous pensons toutefois que les cours actuels du marché intègrent largement les risques potentiels. Les EAU ont aussi adopté une attitude proactive face à la COVID-19, et toute percée dans les soins de santé ou normalisation des voyages internationaux pourrait profiter à l’économie du pays.

La dépendance de l’Arabie saoudite au pétrole a poussé le gouvernement à s’appuyer sur les marchés de la dette, le secteur privé et les citoyens par le biais de différentes mesures d’austérité tout en ralentissant les dépenses prévues dans le cadre du programme Vision 2030. La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est passée de 5 % à 15 % et les indemnités de vie chère ont été réduites pour les travailleurs du secteur public.1 La mauvaise santé de l’économie et la pression exercée sur les entreprises pour les pousser à employer des ressortissants saoudiens ont aussi entraîné un exode des expatriés, ce qui a exacerbé encore la baisse de la demande. Plus récemment toutefois, le Fonds pour les investissements publics a annoncé son engagement à augmenter les dépenses dans l’économie locale de 40 milliards USD par an en 2021 et 2022. Le gouvernement, quant à lui, a relevé le salaire minimum des ressortissants saoudiens de 800 à 1070 USD.2

Avec l’achèvement réussi d’un programme du Fonds monétaire international (FMI) sur quatre ans et la libéralisation du marché national des carburants, les réformes économiques ont nettement progressé en Égypte. La politique monétaire est parvenue à maîtriser l’inflation, aidée en cela par la baisse des cours du pétrole, ouvrant la voie à un assouplissement monétaire plus important nécessaire à ce stade pour lancer la reprise économique.

Le Koweït, la plus grande composante de l’indice MSCI Frontier Markets, a été promu au rang de marché émergent en novembre. Cette transition a entraîné environ 2 milliards USD d’investissements passifs. L’inclusion du Koweït devrait porter la représentation de la région MENA à 6 % de l’indice MSCI Emerging Markets, ce qui en fera une composante significative. MSCI avait initialement prévu la promotion du Koweït pour le mois de mai de cette année, mais elle a été retardée par la COVID-19.

En Asie, le Vietnam a repoussé une deuxième vague d’infections à la COVID-19 et bénéficie à nouveau dans une large mesure de la confiance des investisseurs. La pandémie et les tensions entre les États-Unis et la Chine poussent les pays et les entreprises à diversifier leurs chaînes d’approvisionnement, et le Vietnam est un bénéficiaire potentiel important de cette tendance. Le gouvernement de Joe Biden adoptera probablement une approche diplomatique plus nuancée face à la Chine, mais la position américaine généralement plus dure en matière d’échanges commerciaux avec la Chine ne devrait pas changer. La tendance générale à la diversification des chaînes d’approvisionnement devrait donc persister, et le secteur manufacturier du Vietnam, qui arrive progressivement à maturité, est bien placé après sa remontée dans la chaîne de valeur de ces dernières années.

Dans ce contexte changeant, nous continuons de privilégier l’investissement dans des sociétés disposant d’une capacité bénéficiaire durable, qui s’échangent à des cours inférieurs à leur valeur intrinsèque. Nous privilégions en particulier les banques bien capitalisées, possédant des réserves importantes pour affronter les vents contraires à court terme et des franchises solides leur permettant de saisir le potentiel de croissance à long terme des marchés frontières. Nous privilégions également les entreprises exposées à l’augmentation de la consommation à long terme, une exposition qui se traduit par une pénétration plus élevée des biens et services ou une montée en gamme de la demande. Certaines grandes chaînes de commerces de détail dans des pays tels que le Maroc, le Pérou et les Philippines, par exemple, seront probablement des bénéficiaires importants de la croissance démographique, de l’augmentation de la consommation et de la transition soutenue en faveur de ce secteur.

Accélération de l’adoption numérique

La pandémie a aussi entraîné une adoption accélérée de la technologie et des approches numériques dans les marchés frontières. De manière générale, nous avons constaté une croissance plus importante des échanges de données et des paiements numériques cette année sur l’ensemble du continent africain. Ce fut le cas en particulier au Kenya, où des millions d’utilisateurs, de micro-entreprises et de petites et moyennes entreprises utilisent désormais la plateforme d’un opérateur de télécommunications pour gérer leurs paiements. En Égypte, un acteur du secteur fintech est devenu une plateforme de premier plan pour la transformation numérique et les paiements électroniques avec 194 000 appareils de point de vente (point-of-sale, POS) dans le pays.

Dans le secteur bancaire également, en plus d’une nouvelle vague de clients numériques, la clientèle existante adopte de plus en plus les technologies numériques. Le secteur bancaire a connu un essor considérable en Colombie. Suite à l’explosion de la demande en transactions numériques, une banque en ligne a plus que doublé sa clientèle depuis un an – alors qu’auparavant, un tiers de ces clients ne possédaient pas de compte bancaire.

Le scénario de croissance à long terme des marchés frontières montre du potentiel

Les marchés frontières continuent de présenter un potentiel de croissance économique considérable. Malgré les vents contraires à court terme, nous pensons que le scénario à long terme pour les marchés frontières reste inchangé. L’opportunité structurelle est semblable à celle que présentaient les marchés émergents il y a 30 ans, à ceci près que, du fait de la disponibilité des technologies, leur courbe de développement sera sans doute plus rapide.

Les marchés frontières offrent aux investisseurs une diversité régionale à travers les régions d’Amérique latine, du Moyen-Orient, d’Afrique, d’Asie et d’Europe orientale. Certaines économies frontières ont lancé des réformes idiosyncratiques à l’appui de leur développement macro-économique. C’est le cas notamment du Vietnam, qui a récemment annoncé une série de réformes du droit des sociétés visant à simplifier les procédures des entreprises en mettant l’accent sur la numérisation. À long terme, nous pensons que l’évolution des marchés frontières sera déterminée par des dynamiques internes reposant principalement sur une évolution démographique favorable et sur des secteurs à faible pénétration.

Cette classe d’actifs en est encore à un stade de développement précoce par rapport aux marchés émergents plus importants. Les participations des investisseurs étrangers y sont moins élevées, et les recherches concernant la couverture de marché sont insuffisantes. La principale raison de s’exposer aux marchés frontières est de participer à une classe d’actifs diversifiée sur le plan régional, avec des caractéristiques démographiques attrayantes et une pénétration accrue des produits, toutes ces tendances étant catalysées par une adoption sans précédent de la technologie. Nous privilégions les entreprises susceptibles de tirer profit des moteurs séculaires que sont l’évolution démographique favorable et l’urbanisation.

Contrairement aux marchés développés, la plupart des marchés frontières affichent une croissance démographique élevée et possèdent une population active en augmentation. En outre, l’urbanisation rapide des marchés frontières, en conjonction avec la pénétration moindre des services de base, offre des possibilités d’exploiter un marché de consommation interne en plein essor. Nous pensons que ces facteurs pourraient encourager les économies de la région MENA à se diversifier et à devenir plus résilientes face aux cycles des matières premières.

Nos recherches de grande envergure et notre équipe expérimentée aux ressources importantes nous permettent d’identifier les entreprises de bonne qualité à nos yeux, possédant une capacité bénéficiaire durable et des avantages concurrentiels structurels, qui se négocient à un cours inférieur à leur valeur intrinsèque. À l’heure actuelle, nos efforts en matière de recherche et de composition de portefeuille visent avant tout à déterminer la solidité des bilans et à évaluer la résilience des modèles d’affaires, le risque de dépréciation et les possibilités de redressement.

 

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1. Source : Autorité générale de la zakat & de la fiscalité, Arabie saoudite, juin 2020.

2. Saudi crown prince says PIF to inject $40 billion annually in economy in 2021, 2022, Reuters, 13 novembre 2020. Agence de presse officielle d’Arabie saoudite, novembre 2020.